Un trou de 400 millions dans le budget 2022 de Pôle emploi
La baisse des ressources de l'Unedic suite à la crise en 2020 va réduire sa contribution au budget de Pôle emploi l'an prochain. L'Etat a prévu en 2022 pour la deuxième année consécutive de baisser sa subvention à l'opérateur public.
Un trou de 400 millions dans le budget 2022 de Pôle emploi
On connaît bien l'effet de ciseaux spécifique au régime d'assurance-chômage : une dégradation de la conjoncture provoque aussitôt à la fois une hausse des dépenses d'indemnisation et une baisse des recettes de l'Assurance-chômage. Cela s'est vu tout de suite, avec le déficit abyssal de l'Unedic provoqué par la crise de la Covid l'an dernier. Voici maintenant l'effet domino qui porte, lui, sur le budget de fonctionnement de Pôle emploi.
Effet domino
Le directeur général de l'établissement public, Jean Bassères, avait alerté mi-décembre les députés, évoquant une « impasse budgétaire de plusieurs centaines de millions d'euros »« conséquence mécanique de la crise ». On sait maintenant précisément combien devraient manquer pour boucler le budget de 2022 et ce n'est pas une paille.
La contribution de l'Assurance-chômage l'an prochain sera amputée de quelque 510 millions d'euros par rapport à cette année, où 4,075 milliards d'euros ont été versés, ont appris les partenaires sociaux. L'explication tient aux modalités de calcul de cette contribution qui finance les trois quarts du budget de fonctionnement de Pôle emploi. Le montant versé est calculé en pourcentage des recettes de cotisation de l'Unedic de l'année N-2.
Double baisse des cotisations
2019 ayant été marqué par une amélioration du marché de l'emploi, l'opérateur public n'a pas rencontré de difficultés cette année. A contrario de 2022. La crise a provoqué l'an dernier un double mouvement de baisse des cotisations chômage avec à la fois le recours massif au chômage partiel et une contraction de la masse salariale, en baisse de 5,7 % selon l'Acoss.
L'impact de la réduction de la contribution de l'Assurance-chômage sera cependant atténué par le fait qu'avec la crise, l'Unedic a conservé un reliquat de sa subvention de 2019. Cela ramènerait sa baisse à quelque 300 millions d'euros, selon plusieurs sources. Cela reste du jamais vu.
La situation s'annonce d'autant plus problématique que va s'y ajouter un autre manque à gagner : en application de la convention tripartie 2019-2022 signée avec l'Unedic et Pôle emploi, l'Etat a déjà baissé sa subvention de quelque 86 millions d'euros en 2020. Une seconde baisse du même montant doit intervenir l'an prochain.
Un trou qu'il va falloir combler
Cela devait être une opération de vases communicants, l'Unedic devant verser à compter de 2020 non plus 10 % de ses recettes mais 11 %. Mais la dégradation de la conjoncture aboutit à un trou de quelque 400 millions d'euros au total qu'il va falloir combler pour boucler le budget de Pôle emploi l'an prochain. Ce ne serait pas la première fois que l'opérateur sera dans le rouge. Il y a eu quelques flottements les années qui ont suivi sa création. Mais jamais dans une telle proportion.
« Le sujet a été posé dès le mois de décembre en conseil d'administration et la préparation du prochain budget se fait très en amont », souligne-t-on du côté des partenaires sociaux. Le montant de la contribution de l'Etat devrait être au coeur des débats.
Sources : https://www.lesechos.fr/economie-france/social/trou-de-400-millions-dans-le-budget-2022-de-pole-emploi-1304296