“Souffrance”, “saturation” : tous les syndicats de Pôle Emploi appellent à la grève le 1er février
L’ensemble des syndicats appellent à une grève le 1er février prochain pour dénoncer les conditions de travail des salariés de Pôle Emploi.
Des salaires « bloqués », des plans gouvernementaux qui « s'empilent » et deux ans de crise sanitaire : malgré les renforts d'effectifs, les agents de Pôle emploi sont « épuisés », alertent les syndicats de l'opérateur public qui appellent à la grève le 1er février.
Fait rare, l'ensemble des organisations (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, SNAP, SNU-FSU, STC, SUD et Unsa) ont appelé à cette mobilisation des quelque 55.000 agents pour revendiquer des hausses de rémunérations et « stopper la dégradation des conditions de travail ».
Sept d'entre elles avaient alerté début décembre la direction sur une « situation de plus en plus critique » avec des projets et injonctions qui « se superposent, engendrant souffrance au travail et perte de sens ».
Une période intense
Plan sur les tensions de recrutement en remobilisant les chômeurs de longue durée, réforme de l'indemnisation du chômage depuis l'automne ou encore déploiement au 1er mars du Contrat d'engagement jeune (CEJ) : la barque des agents est chargée.
« La période est dense pour Pôle emploi mais le contexte l'exige. La reprise est là et nous devons faire en sorte qu'elle profite à tous », souligne la direction de Pôle emploi, à l'unisson du ministère du Travail.
Alors que le nombre de chômeurs (catégorie A) est revenu à un niveau inférieur à celui du premier trimestre 2020, avant la crise, l'opérateur a pu conserver 2.000 des 2.800 renforts dont il a bénéficié pendant cette période, ainsi que 500 postes pour les quartiers prioritaires. 900 postes supplémentaires sont aussi prévus pour le CEJ.
Dans les rangs syndicaux, on fait valoir que la baisse du chômage n'est pas synonyme de charge de travail moindre, notamment parce que le public concerné est plus éloigné de l'emploi.
“Grosse fatigue”
Quant aux salaires, alors qu'une négociation s'ouvre lundi, David Vallaperta (CFDT) fait état d'une « situation de blocage avec la direction depuis un certain temps », la dernière augmentation remontant à 2017.
Michel Breuvart (SNU-FSU, 2e syndicat), fait état d'« une dégradation du pouvoir d'achat d'année en année» tandis que Natalia Jourdin (FO) y voit «une grosse problématique ».
Les syndicats ont aussi des mots forts pour décrire l'état d'esprit des agents : « saturation », « grosse fatigue », « impression d'être submergés » par « des plans d'action qui se multiplient ».
« A fixer tous les jours des priorités différentes, on ne sait plus quel est l'objectif », déplore aussi Michel Breuvart (SNU-FSU). S'y ajoute « la réorganisation permanente de Pôle emploi », renchérit Natalia Jourdin (FO), évoquant, comme Sylvie Espagnolle (CGT), « beaucoup de précarité avec beaucoup de CDD, une population vieillissante ».
Après deux ans de Covid, pendant lesquels les agences ont fonctionné et reçu « la détresse en pleine figure » selon Christine Brouh (SNU-FSU), « les collègues sont épuisés et les managers au bout du rouleau », témoigne Suzy Petit (CFE-CGC)
« On est un service public mais là ça fait beaucoup... », dit-elle, plaidant pour « détendre le calendrier » de certains projets internes et renforcer les effectifs en première ligne sur les changements.
La réforme de l’assurance chômage passe mal
C'est le cas de ceux qui ont à expliquer la réforme de l'assurance chômage, avec le nouveau mode de calcul des allocations entré en vigueur au 1er octobre.
Selon le représentant CFDT, « pour l'instant, il n'y a pas tellement de réactions niveau usagers », mais « les difficultés sont plus en interne » car la partie formation a été « assez légère » et le Covid n'a « pas facilité les choses ».
Les agents ont du mal à intégrer la complexité des règles et font face à des demandeurs d'emploi qui veulent comprendre, ce qui créé déjà « quelques climats de tension », rapporte Sylvie Amblot (CFTC).
Les 7.200 conseillers chargés de l'indemnisation « sont des experts » qui « connaissent très bien l'évolution des règles à appliquer », répond la direction.
Elle dit en outre avoir « donné des marges de manoeuvre aux agences pour déployer des projets importants », comme le conseiller référent indemnisation pour chaque demandeur, « ou en reportant la mise en oeuvre de certains », comme le renforcement de l'accueil des nouveaux chômeurs.
Le dernier mouvement national à Pôle emploi remonte à novembre 2018 pour protester contre des réductions d'effectifs. Les syndicats tablent sur une mobilisation du même ordre, autour de 30% à l'époque selon la direction.
Source : https://www.sudouest.fr/economie/social/souffrance-saturation-l-ensemble-des-syndicats-de-pole-emploi-appellent-a-la-greve-le-1er-fevrier-7946602.php