On a trouvé à quoi sert l’enquête Besoins en Main d’Oeuvre de Pôle emploi
Nous nous sommes souvent interrogés dans ce blog pourquoi Pôle emploi continuait à conduire la couteuse enquête BMO, Besoins de Main d’œuvre, qui n’apporte pas (plus ?) d’outils facilitant le travail de prospection des conseillers et additionne des réalités si hétérogènes, du vendangeur au cadre supérieur, qu’elle n’a guère de signification
Nous pensions qu’elle était maintenue uniquement pour des raisons de communication et avons d’ailleurs écrit Cette année, l’enquête BMO sert à quelque chose, lutter contre la morosité ambiante. Alors peu importe que les chiffres n’aient aucune fiabilité
Nous savons maintenant que cette enquête a une autre utilité. Un des candidats à la présidence de la région Nord Pas de Calais Picardie a repris les chiffres de cette enquête pour, une nouvelle fois, développer l’antienne des emplois non pourvus, en déclarant «Ma région est comme mon pays, ce qu’il lui faut c’est du travail, plus de travail. C’est la raison pour laquelle je décide tout d’abord que l’on s’attaque à ce paradoxe des fameux emplois non pourvus. Tout le monde sait, aujourd’hui, toutes celles et ceux qui nous écoutent et qui nous regardent, qu’il y a des chefs d’entreprise qui nous disent “on cherche mais on ne trouve pas”. Et vous avez en même temps des demandeurs d’emploi qui ne trouvent pas les débouchés pour eux-mêmes (sic). Qu’est ce qui ne marche pas ? D’un côté, 565 000 demandeurs d’emploi […] et en même temps, vous avez 120 000 offres d’emploi non pourvues.»
Ces 120 000 emplois non pourvus résultent tout simplement de l’addition des 79 902 intentions d’embauche recensées dans le Nord Pas de Calais des 40 119 intentions ne Picardie. Soit un total de 120 021 emplois (comme le calcule Libération dans Désintox), parmi lesquels figurent entre autres les vendangeurs du vignoble du Champagne de l’Aisne, qui à l’évidence au moment de la sortie de l’enquête en avril ne sont en rien un emploi non pourvu, mais une simple perspective d’emploi très temporaire à pourvoir six mois plus tard.
Assimiler le résultat de l’enquête BMO à une estimation des emplois vacants relève soit de l’ignorance la plus crasse, soit de la volonté de tromper délibérément les citoyens. Comme on a peine à croire que celui qui assène cette contre vérité, Xavier Bertrand, plusieurs années ministre de l’emploi, puisse ignorer ce que ces chiffres veulent dire (ou alors ce serait pire !), il faut bien en conclure qu’il ment, volontairement, avec assurance, ce qui au fond ne nous étonne guère ( voir Le retour du mythe des offres d’emploi non pourvues, bis, Les chiffres du chômage des jeunes : les mensonges de Xavier Bertrand , Xavier Pinocchio Bertrand : encore deux mensonges, histoire de ne pas perdre la main, Les chiffres du chômage de mars : derniers mensonges de Xavier Bertrand. Et 5 281 900 inscrits à Pôle emploi et Xavier Bertrand a une mémoire de poisson rouge)
Des fois on se dit qu’à force de mentir aux électeurs, on ouvre un boulevard à celle qui ment avec le plus de détermination !