Nouveautés de l'assurance chômage au 1er novembre : les mauvaises nouvelles oubliées par la ministre Pénicaud

 

La ministre du Travail est allée faire l'article, ce mardi 22 octobre sur France Inter, des premières mesures de la réforme de l'assurance chômage, qui entreront en vigueur dès le 1er novembre. Mais, dans sa présentation en plusieurs points, Muriel Pénicaud prend bien soin de passer sous silence les plus négatifs… Complétons donc.

 

 

Muriel Pénicaud aurait-elle la mémoire sélective ? Au moment de détailler, ce mardi 22 octobre dans la matinale de France Inter, les premières mesures de la réforme de l'assurance chômage qui entreront en vigueur dès le 1er novembre prochain, la ministre du Travail d'Emmanuel Macron a passé sous silence les dispositions purement régressives, pour les concernés, des nouvelles règles d'indemnisation…

 

LES "3 MESURES" DE PÉNICAUD

 

"Les mesures qui arrivent là, au 1er novembre, il y en a trois, détaille la ministre. Une première, qui est très attendue par les salariés je crois, c'est la capacité de démissionner pour se reconvertir, pour faire un projet professionnel". Et l'ancienne DRH de Danone de se féliciter : "Je crois qu'il y a beaucoup de gens qui n'en peuvent plus de leur travail, ou qui ont toujours rêvé de faire autre chose. Et donc là, on va donner cette liberté". Ultra-encadrée, cette liberté, mais dont acte.

 

Muriel Pénicaud enchaîne : "La deuxième, c'est les indépendants, les agriculteurs, les artisans, les commerçants, qui auront un filet de sécurité. Ça c'est important, parce qu'aujourd'hui il y a des drames, ils n'ont même pas le temps de se retourner". Toujours satisfaite, elle fait ici référence à l'allocation forfaitaire (800 euros par mois pendant six mois) à laquelle les indépendants pourront prétendre en cas de liquidation judiciaire, comme le prévoit le décret d'application de la réforme publié au Journal officiel le 28 juillet.

 

La ministre du Travail conclut par le gros morceau de ce premier acte de la réforme : le durcissement de l'accès à l'allocation chômage : "La troisième chose, c'est les conditions d'entrée à l'assurance chômage, qui se modifient : avant, il fallait avoir travaillé quatre mois pendant les derniers 28 mois et maintenant, il faudra avoir travaillé six mois pendant les derniers 24 mois. C'est-à-dire qu'il faut avoir travaillé un jour sur quatre pendant deux ans".

 

Un durcissement en même temps revendiqué et relativisé : "On est dans un marché du travail très dynamique. Est-ce que vous avez une idée du nombre d'offres d'emploi publiées tous les jours par Pôle emploi ? Ce matin, il y en a 705.159", lance la ministre, insistant : "Pouvoir compléter de quatre à six mois quand on travaille, c'est pas plus difficile que quand c'était pendant la crise. Je crois qu'on revient à ce qui se passait avant la crise, il y a dix ans, et je crois que c'est logique et de bon sens. Il faut aussi que le système soit incitatif à retrouver du travail quand il y en a". Au boulot, les chômeurs !

 

LES OUBLIS DE LA MINISTRE

Et hop, emballé c'est pesé, la ministre a ses trois points ! Sauf que ni Muriel Pénicaud, ni ses intervieweurs - Léa Salamé et Nicolas Demorand - ne semblent vouloir se souvenir que ces trois mesures ne sont pas les seules à entrer en vigueur à partir du 1er novembre. Il y a aussi le cas des salariés gagnant plus de 4.500 euros brut par mois, qui verront désormais leur indemnité de chômage réduite de 30% à partir du septième mois d'indemnisation (avec un plancher à 2.261 euros net, mesure limitée aux moins de 57 ans). Peut-être la ministre est-elle moins fière de cette mesure qui touche les cadres, gros pourvoyeurs de voix d'Emmanuel Macron à la présidentielle…

 

Autre oubli fâcheux : le rechargement des droits au chômage, rendu plus difficile. Rappel du principe de base de l'indemnisation : plus un demandeur d’emploi travaille avant d'atteindre l’épuisement de son droit à l’allocation chômage, plus il acquiert de droits à l’assurance chômage dans la durée. Là aussi, les paramètres changent dès la semaine prochaine : le seuil à partir duquel ces droits se rechargent d'autant passe à six mois travaillés pendant la période d'indemnisation, au lieu d'un seul actuellement.

 

Enfin, si Muriel Pénicaud ne manque pas de vanter le système de bonus-malus qui entrera en vigueur le 1er janvier 2020 afin de "limiter les contrats courts" et la précarité que ceux-ci entraînent, le nouveau mode de calcul de l'allocation chômage, prévu pour avril, passe lui aussi à l'as dans la présentation de la ministre. Logique : il pénalise justement les allocataires ayant alterné contrats courts et inactivité. C'est moins sympa à raconter…

 

source : https://www.marianne.net/politique/nouveautes-de-l-assurance-chomage-au-1er-novembre-les-mauvaises-nouvelles-oubliees-par-la

 

 



23/10/2019
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