ASSURANCE CHÔMAGE : LE REMÈDE DE CHEVAL DU PATRONAT FAIT HURLER LES SYNDICATS
Les organisations patronales ont présenté, mercredi 5 décembre, leurs idées pour modifier les règles d’indemnisation chômage. Et elles ont le don d’irriter les centrales syndicales.
Négociations autour de l’assurance chômage, acte IV. Après trois premières réunions consacrées à un point général sur l’indemnisation et les intermittents du spectacle, les partenaires sociaux sont entrés, ce mercredi 5 décembre, dans le vif du sujet, avec la question des règles d’indemnisation. Avant même le début de cette nouvelle séance de négociation, les propositions du patronat - Medef, U2P et CPME réunis - avaient déjà fuité dans la presse. En terme d’économies réalisables, leurs propositions vont même plus loin que ce qui était dans la lettre de cadrage de Matignon, puisqu’elles pourraient générer jusqu’à 1,5 milliard d’euros d’économie par an, contre 1 à 1,3 milliard d’euros demandé par le gouvernement.
Si le Medef prévoit d’envoyer lundi prochain des propositions écrites aux organisations syndicales, les pistes déjà évoquées en réunion sont contestées par la plupart des syndicats. “Il y a des chiffons rouges dans ce que le patronat nous a présenté (...). C’est une très mauvaise idée dans le contexte actuel de crise des gilets jaunes”, estime ainsi Jean-François Foucard, négociateur pour la CFE-CGC, citant, pêle-mêle, la modification du calcul des indemnités chômage des salariés qui gagnent plus de deux fois le Smic - qui concerne surtout le public cadre de la CFE-CGC -, ou la diminution de la période de référence légale de calcul des droits au chômage, qui passerait des 28 derniers mois aux 12 derniers mois.
Autre facteur de grogne chez les centrales syndicales : l’idée d’une modulation de la durée d’indemnisation en fonction du territoire, de manière à ce que les indemnités puissent s’adapter aux différences de niveau de chômage selon les régions. “C’est une proposition que le patronat nous ressort à chaque nouvelle négociation sur l’assurance chômage (...). C’est de toute manière une mesure anticonstitutionnelle”, juge Jean-François Foucard. Même son de cloche pour Michel Beaugas de Force ouvrière (FO) : “Qu’est-ce que l’on fait de l’égalité républicaine dans ce cas ?”, s’emporte-t-il.
“Le patronat souhaite revoir leur indemnisation à la baisse. Nous nous y opposons formellement”
À côté de ça, le trio U2P-Medef-CPME propose de modifier l’indemnisation chômage des plus de 62 ans. Actuellement, passé cet âge, les actifs seniors peuvent être indemnisés au-delà des durées réglementaires s’ils ne justifient pas du nombre de trimestres d’assurance vieillesse requis. “Le patronat souhaite revoir leur indemnisation à la baisse. Nous nous y opposons formellement”, tranche Denis Gravouil, le négociateur de la CGT. De même, il s’oppose à ce qu’une révision du calcul des trimestres de retraite en cas de périodes indemnisées par l’assurance chômage provoque une baisse des droits à la retraite des demandeurs d’emploi.
Mais ce qui semble le plus hérisser les poils des centrales syndicales, parmi les différentes propositions du patronat, c’est sûrement l’idée d’un coefficient d’intensité du travail. “En clair, si vous avez travaillé tout le mois de février, mais seulement 10 jours en janvier : avec un coefficient d’intensité du travail, vous toucherez une indemnisation chômage plus faible que quelqu’un qui aura aussi travaillé tout le mois de février, mais 20 jours en janvier”, s’insurge Denis Gravouil. D’autant que, “d’après les calculs des organisations patronales, mettre en place ce coefficient générerait 900 millions d’euros d’économie sur les 1,5 milliard annoncés ! C’est donc leur idée la plus rentable”, rapporte Michel Beaugas, qui ne veut pas non plus de cette mesure. Les prochaines séances de négociations, du 11 décembre au 15 janvier prochain, s’annoncent animées.
source : https://www.capital.fr/votre-carriere/assurance-chomage-le-remede-de-cheval-du-patronat-fait-hurler-les-syndicats-1318681?fbclid=IwAR2qYORV6O6vyYRaEdKKDnRmbHnHSZKealhjdnyy7i9mFg_Vh2p5a29qGPo