Un quart des Français a du mal à payer ses factures à temps
En dépit d’une très forte croissance en France cette année, la situation économique d’un quart des ménages reste tendue, selon une étude réalisée par l’entreprise Intrum, leader européen dans le recouvrement de créances.
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Depuis quelques jours, l’épidémie repart en flèche dans tout le pays. Mais la multiplication des cas de contamination ne devrait pas empêcher l’Hexagone de réussir un véritable tour de force : voir son produit intérieur brut (PIB) croître de +7% en 2021. “Je n’ai pas d’inquiétude pour la croissance française, elle est solide et repose sur des fondamentaux qui sont bons”, a déclaré lundi 29 novembre, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, sur France 2. Mais ce chiffre record, que le pays n’avait pas atteint depuis 1969, masque les difficultés financières que rencontrent un grand nombre de ménages dans leur quotidien ; “un Français sur quatre indique ne pas avoir payé au moins une facture à temps au cours des douze derniers mois”, selon la 9e édition de l’European Consumer Report, une étude menée par l’entreprise suédoise Intrum, leader européen du recouvrement de créances. Et dans 4 cas sur 10, la raison est évidente : la personne n’a tout simplement pas les moyens de régler la note.
Cette situation a de quoi inquiéter le gouvernement. Car, en dépit des mesures prises au plus fort de la crise (chômage partiel, fond de solidarité, etc.) et du niveau faramineux d’épargne - environ 157 milliards d’euros épargnés en surplus à cause de la crise sanitaire, selon la Banque de France - un quart des foyers connaîtrait de graves difficultés financières, selon l’étude. Des problèmes de budget qui conduisent les ménages concernés à concentrer leurs efforts sur deux postes de dépenses prioritaires : le paiement du loyer et les factures d’énergie (gaz, eau, électricité). Plus alarmant encore, “28% des Français déclarent disposer de moins de 10% de leurs revenus après avoir payé leurs factures”, selon le rapport. Ce qui ne leur laisse aucune marge de manœuvre si un événement imprévu survient (réparation d’un véhicule, frais médicaux, etc.).
Les ménages pris en tenaille
De plus, le retour d’une inflation vigoureuse (+2,6% entre octobre 2020 et octobre 2021) ne peut qu’inquiéter davantage les ménages. Près de 6 Français sur 10 constatent que leurs factures augmentent à un rythme plus élevé que leurs revenus. La hausse des dépenses courantes (carburant, énergies, produits alimentaires, etc.) détériore leur budget. Face à cela, les foyers semblent pris en tenaille. D’un côté, l’emprunt apparaît comme une solution inévitable. “Près de 30% des sondés déclarent “avoir emprunté de l’argent ou atteint la limite de leur carte de crédit pour payer des factures au cours des 6 derniers mois”, précise l’étude. Mais, les Français tentent aussi, malgré tout, de se constituer une épargne de précaution. Avec un succès mitigé : près de la moitié des ménages ne sont pas satisfaits du montant qu’ils peuvent mettre de côté chaque mois.
Dans ce contexte, pour soulager les plus fragiles - les personnes qui perçoivent moins de 2.000 euros par mois - Emmanuel Macron a annoncé le versement - dès décembre pour les salariés du privé - d’un chèque inflation d’un montant de 100 euros par personne. Un geste qui pèse sur les finances publiques à hauteur de 3,8 milliards d’euros. Et qui ne suffira pas à améliorer durablement la situation des foyers en difficulté.
*L’étude de l’entreprise Intrum est basée sur un sondage qui a été administré dans 24 pays auprès de 24.012 consommateurs. En France, 1.000 personnes ont répondu en ligne au questionnaire.