Les chantiers d'Elisabeth Borne, nouvelle ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion
Elisabeth Borne quitte le ministère de la Transition écologique pour remplacer Muriel Pénicaud au ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion. Elle devra gérer les conséquences sur l'emploi de la violente crise économique qui s'annonce.
Une ministre s'en va, une autre change de ministère. C'est Elisabeth Borne, jusqu'ici ministère de la Transition écologique, qui hérite du ministère du Travail que quitte donc Muriel Pénicaud, après trois années de réformes menées tambour battant. Elle sera épaulée par une secrétaire d'Etat en charge de l'Insertion, Brigitte Klinkert, actuelle présidente du conseil départemental du Haut-Rhin.
La nouvelle ministre du Travail arrive dans un contexte économique radicalement différent de celui connu par Muriel Pénicaud en 2017. Elle prendra de plein fouet la crise économique et son lot de difficultés sur le marché de l’emploi. Plus personne, au gouvernement, ne parle de descendre sous la barre des 7% de chômage à la fin du quinquennat.
Un plan ambitieux pour l’emploi des jeunes
La première tâche qui l’attend est de présenter un plan pour l’emploi des jeunes. Muriel Pénicaud devait recevoir les partenaires sociaux dans la semaine du 6 juillet, après un round de réunions de travail avec son directeur de cabinet la semaine dernière, pour en préparer les contours. Il est prévu que ce soit Emmanuel Macron qui présente les grandes lignes de ce plan, vraisemblablement lors de son allocution du 14-Juillet. Les mesures de soutien seront avant tout d’ordre budgétaire (primes à l’embauche ou exonérations de cotisations sociales), mais le ministère du Travail sera en première ligne pour veiller notamment à ce que la rentrée de l’apprentissage ne soit pas sacrifiée pour les quelque 400 000 jeunes qui ont projeté de se former par cette voie.
Ne pas casser la dynamique de l’apprentissage
Or, après une année record en 2019 – 368 000 nouveaux contrats, en hausse de 16% - l’apprentissage risque de pâtir des difficultés des entreprises, peu enclines à accueillir des apprentis. Le gouvernement a dégainé une mesure-choc : un milliard d’euros pour aider les entreprises à recruter des apprentis, à raison de 5 000 euros pour un mineur, 8 000 euros pour un majeur, jusqu’à un niveau licence et pour toute taille d’entreprise. Reste à convaincre les entreprises, mobiliser les branches professionnelles, dialoguer avec les Centres de formation des apprentis (CFA), pour s’assurer qu’ils arrivent à vivre avec le nouveau système de financement au contrat.
Adapter les règles de l’Assurance chômage au contexte
La dernière réforme de l’Assurance-chômage a durci les conditions d’accès à une indemnisation et les calculs de cette indemnisation. Destinées à encourager la reprise du travail en période d’économie florissante, ces nouvelles règles sont extrêmement pénalisantes pour les demandeurs d’emploi en période de crise. Or 500 000 Français ont perdu leur emploi au premier trimestre… Mi-mars, la ministre du Travail avait annoncé le report au 1er septembre de l’entrée en vigueur des nouvelles règles. Tous les syndicats, opposés dès l’origine à cette réforme, réclament son abandon. L’exécutif envisage de revoir les règles d’indemnisation durant l’été.
Relance de la réforme des retraites ?
La réforme des retraites est plutôt pilotée par le ministère des Affaires sociales, mais celui du Travail y est associé, notamment en recevant les partenaires sociaux. Emmanuel Macron a indiqué dans une interview à la presse régionale qu’il souhaitait relancer cette réforme, quitte à en bouger les curseurs. Jean Castex a déjà indiqué qu’il voulait régler ce dossier "à court terme".
Des sujets que suivra de près un pilier du dialogue social français, Alain Griset. L'actuel président de l'U2P, organisation patronale représentative des artisans, est nommé ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des Finances, en charge des PME.