Le directeur de France Travail Thibaut Guilluy a jugé «discutable» le projet de suppression de 500 postes chez l'opérateur, qui doit accueillir à partir du 1er janvier des bénéficiaires du RSA sur tout le territoire. Répondant à des questions de l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS), Thibaut Guilluy a rappelé que France Travail avait engagé «un plan d'efficience» visant «à faire 2900 ETP (équivalent temps plein) d'économies d'ici 2027». Mais pour lui, ces économies «sont faites pour être redéployées sur les nouvelles missions de France Travail, dont l'accompagnement des bénéficiaires du RSA».
Il a également mentionné le renforcement des contrôles des allocataires de l'assurance chômage, qui doivent passer de 500.000 en 2023 à 1,5 million en 2027 (600.000 sont prévus en 2024), les prospections pour les entreprises qui sont passées de 100.000 à 200.000 et doivent monter à 600.000 en 2027, ainsi que la généralisation de dispositifs en faveur des handicapés et des jeunes peu qualifiés (Avenir'Pro). Selon le projet de loi de finances actuellement examiné au Parlement «les moyens financiers de France Travail n'augmentent pas en 2025 par rapport à 2024 pour faire tout ça en plus», constate Thibaut Guilluy. «Il y a une mesure que je trouve honnêtement discutable», «c'est de jouer sur les ETP», a-t-il souligné, ajoutant être défavorable aux externalisations.
L'ensemble des syndicats de France Travail ont dénoncé début novembre le projet de budget 2025 qui prévoit la suppression de 500 postes chez l'opérateur public. «Je crois beaucoup plus à l'efficacité de nos conseillers pour pouvoir accompagner les bénéficiaires du RSA», a insisté Thibaut Guilluy, précisant que «ça coûte deux fois plus cher d'externaliser l'accompagnement d'un bénéficiaire du RSA que de le faire porter par des travailleurs sociaux des départements et des conseils France Travail».
Le directeur de France Travail s'est félicité du taux de retour à l'emploi de 42% des bénéficiaires du RSA passés par l'expérimentation de l'accompagnement renforcé mis en place en 2024 dans 49 départements, mais refuse une dégradation des conditions de cet accompagnement lors de sa généralisation.
«Si on voit que c'est un conseiller pour 50 à 60 personnes qui fait que c'est efficace et qu'il y a du retour à l'emploi, je ne vais pas pour des raisons administratives passer à un portefeuille d’un (conseiller) pour 100 ou 150 bénéficiaires du RSA, parce que ça ne marche pas», a-t-il déclaré.