Jean Castex veut former 1,4 million de demandeurs d’emploi en 2022

Dans une interview aux «Echos», le Premier ministre a dévoilé le contenu du plan compétences à 1,4 milliard d’euros, visant notamment à lutter contre le chômage de longue durée.

 

Et si la formation des chômeurs de longue durée était la solution aux difficultés de recrutement exprimées par les employeurs ? 

«Nous allons investir massivement dans la formation des salariés et des chômeurs», a annoncé le Premier ministre, Jean Castex, dans une interview publiée dans les Echosce lundi. Le gouvernement s’apprête ainsi à mettre 1,4 milliard d’euros sur la table, dont 900 millions dès cette année pour former 1,4 million de demandeurs d’emploi en 2022.

Le défi est de taille, car si Jean Castex insiste sur les difficultés à recruter exprimées par les employeurs et le nombre d’emplois vacants, soit 264 000 (en progression de 50 % sur une année, selon les derniers chiffres de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), ce chiffre reste largement inférieur au nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans aucune activité). Il y a aujourd’hui, un poste vacant pour treize chômeurs.

Le premier volet de ce plan vise à «former les salariés et les demandeurs d’emploi pour répondre aux besoins immédiats des entreprises», indique un communiqué du gouvernement paru lundi. Pour encourager les petites et moyennes entreprises (PME) de 51 à 300 salariés à financer la formation de leurs employés, Matignon promet une enveloppe de 600 millions d’euros pour redéployer des crédits d’urgence qui avaient été «budgétés pour la gestion de la crise».

Le deuxième volet consiste à «faciliter les transitions professionnelles, afin de prévenir le risque de déclassement ou l’entrée dans un chômage de longue durée et également de contribuer à la compétitivité des entreprises», ajoute le communiqué. «Pour les chômeurs, nous assumons le parti pris de privilégier au maximum les formations en entreprise, directement opérationnelles», poursuit le Premier ministre.

Concrètement l’Etat signera «de nouvelles conventions avec les régions et avec Pôle Emploi, à hauteur de 560 millions et ouvrir les nouvelles formations à l’ensemble des demandeurs d’emploi quel que soit leur niveau de qualification».

 

Prime à l’embauche

Enfin, des aides pour le recrutement des chômeurs de longue durée, inscrits en catégories A, B, C, depuis un an ou plus, qui comptent aujourd’hui pour plus d’un inscrit sur deux à Pôle emploi (50,3 %), sont aussi au programme. S

ur les 5,98 millions de demandeurs d’emploi inscrits dans les trois principales catégories (A, B et C) de l’opérateur au deuxième trimestre 2021, un peu plus de trois millions sont sans activité depuis au moins un an, soit 309 200 de plus depuis le début de la pandémie.

Ces primes à l’embauche entreront en vigueur sous la forme de contrat de professionnalisation pour adulte, sur le même modèle des primes à l’apprentissage et pour un investissement de 240 millions d’euros supplémentaire.

Un dispositif qui va dans le bon sens selon Force ouvrière (FO), mais encore insuffisant pour créer des emplois durables. Le secrétaire confédéral chargé de l’emploi du syndicat, Michel Beaugas, estime que «la formation par le biais d’une mise en situation dans les entreprises nécessite un travail en amont qui ne semble pas être mis en œuvre pour le moment». Pour le syndicaliste, il s’agit d’une forme de réinsertion vers le monde du travail qui devrait être prise en charge par Pôle emploi.

«Coup d’épée dans l’eau»

Autre annonce : le Premier ministre a aussi promis une extension de l’aide à l’embauche des alternants, «qui fonctionne très bien pour les jeunes», au vu de la progression d’environ 30 % du nombre de contrats signés (350 000 entre janvier et mi-septembre) par rapport à l’an dernier, à la même époque.

Cette prime de 8 000 euros pour le recrutement d’un apprenti majeur (5 000 euros pour un mineur) a été mise en place dans le cadre du plan «1 jeune, 1 solution» en juillet 2020, et sera donc prolongée jusqu’à juin 2022.

Pour Denis Gravouil, représentant de la CGT au bureau de l’Unédic (organisme en charge de la gestion de l’assurance chômage), les mesures annoncées ce lundi sont un «coup d’épée dans l’eau». Selon lui, «pérenniser des aides massives pour les PME, ou pour les entreprises recruteuses d’apprentis sans les conditionner ne permettra pas de créer des emplois pérennes». Pour garantir des embauches à long terme, le syndicat préconise un «vrai plan proposant des formations longues et qualifiantes, soumises à des conditions d’embauche à long terme, accompagné d’un plan de création d’emploi». Pour FO, les difficultés de recrutements sont davantage liées à un manque d’attractivité des secteurs concernés que d’un manque de compétence. Pour y répondre, Michel Beaugas réclame avant tout une «revalorisation des salaires et des conditions de travail» dans ces branches. Sur ce point, Jean Castex s’en remet aux branches et aux partenaires sociaux.

 

Source : https://www.liberation.fr/economie/social/jean-castex-veut-former-14-million-de-demandeurs-demploi-en-2022-20210927_WUQGZKDCFZAYHCXEGPZ3UPEYOU/

 



28/09/2021
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