Discrimination à l'embauche : le «parcours d'obstacles des personnes d'origine étrangère»
Renoncer à son projet professionnel ou le réaliser à l'étranger. Tel est le constat dressé par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, ce lundi, concernant les discriminations à l'embauche liées à l'origine, en particulier à l'encontre des personnes vues comme arabes et musulmanes.
Il qualifie de «panorama particulièrement inquiétant le parcours d'obstacles que constitue le marché du travail pour les personnes d'origine étrangère» après que 758 personnes ont répondu en ligne à un appel à témoignages lancé au printemps. Parmi ceux-ci, une demandeuse d'emploi de 25 ans, «première de (sa) classe avec 15 de moyenne, recommandée» par tous ses anciens tuteurs de stages, indique avoir «à peine décroché deux entretiens en sept mois, en postulant tous les jours et en rappelant les entreprises». «Il est clair que ni mon nom et prénom, qui sonnent très étrangers, ni ma couleur de peau ne m'aident», conclut-elle.
«Urgence à mener des politiques publiques»
Selon le Défenseur des droits, «les personnes qui sont vues comme arabes» notamment, «apparaissent sur-stigmatisées du fait de la consonance de leur nom et de leurs supposées convictions religieuses». «On m'a comparé à un terroriste durant l'entretien d'embauche», rapporte ainsi un travailleur de 34 ans, cité dans l'étude. Un chômeur de 41 ans affirme, lui, avoir été licencié «au lendemain des attentats de novembre» 2015, parce que son patron «voulait travailler avec des Français. Pour info, je suis français», ajoute-t-il, comme 80% des répondants.
Face aux «discriminations à répétition», «les personnes d'origine étrangère tentent de trouver des solutions pour adapter leur projet professionnel», par exemple «en acceptant des emplois moins qualifiés, moins payés, plus précaires», écrit le Défenseur des droits. Mais selon l'institution, «le départ à l'étranger apparaît souvent comme la seule option pour mettre un terme à la spirale de l'échec». «Je travaille dans l'informatique bancaire, j'ai 27 ans, un bac+5, je parle quatre langues couramment, j'ai de l'expérience mais toujours pas de CDI... Actuellement, je pense à changer de pays et monter ma boîte à l'étranger», témoigne une femme.
«Fatalisme, renoncement, déclassement, projet d'expatriation...» Selon le Défenseur des droits, ces réactions illustrent une «perte de confiance à l'égard des institutions de la République et en la capacité des politiques publiques à lutter contre cette situation». Il y a «urgence à mener des politiques publiques fortes pour lutter contre ces discriminations», alerte l'institution.
Leparisien.fr avec AFP
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