Convergences et divergences syndicales avant les élections professionnelles à Pôle emploi !
Les élections professionnelles à Pôle emploi auront lieu du 28 octobre au 8 novembre 2019, ce qui peut éclairer un certain nombre de prises de positions.
Sur la décentralisation ambigüe annoncée par le premier ministre (voir Une expérimentation de la décentralisation de Pôle emploi ou de l'action de Pôle emploi en matière de formation professionnelle ?, Le président de Régions de France veut que les Régions « donnent des directives directes aux agents de Pôle emploi » et Il n'est pas question d'expérimenter la régionalisation de Pôle emploi mais seulement le pilotage de la formation des chômeurs), l'expression syndicale est unanimement contre.
La CFDT dans un communiqué "dit non à la régionalisation de Pôle emploi "
Le SNU titre pour sa part son communiqué " Le SNU se battra contre toute tentative de régionalisation de Pôle emploi. "
" Le SNU Pôle Emploi réaffirme que Pôle emploi est et doit rester un Etablissement Public Administratif et National.
Parce que seul le Service Public garantit :
- Une égalité de traitement
- Une égalité des droits
- La continuité
- La neutralité
- Une égale accessibilité sur tout le territoire grâce un réseau d’agences dense.
FO dans son communiqué est tout autant virulent :
" FO réaffirme sa position constante d’opposition à une régionalisation du service public de l’emploi ! FO est convaincue que la politique de l’emploi doit être définie et pilotée au niveau national.
C’est une question d’égalité de droits. FO estime qu’une régionalisation du service public de l’emploi n’offrirait aucune garantie d’égalité en matière d’offres de services et de traitements des demandeurs d’emploi. De plus, FO, qui a en mémoire les discussions du début de l’année autour de l’assurance chômage, redoute à terme des dérives pouvant aller jusqu’à une indemnisation des demandeurs d’emploi indexée sur le taux de chômage de chaque région..."
Ce qui est remarquable c'est que cette convergence se fonde sur l'affirmation que Pôle emploi assure, par son caractère national, une égalité de droits alors que l'analyse que nous avons effectuée deux ans de suite montre que cette gestion centralisée a, tout au contraire, induit une très forte inégalité de la taille des portefeuilles des conseillers, et donc du service rendu aux demandeurs d'emploi (voir Pôle emploi, une institution nationale à gestion centralisée qui a accru la différence de service entre les demandeurs d'emploi)
Par contre nous constatons des choix différents sur l'approbation de la convention tripartite et sur la signature d'un avenant à la convention collective
La convention tripartite État, Unedic, Pôle emploi 2020 2022, prévoit la baisse du financement de l'État et instaure le "pack de démarrage", une priorité pour les offres de plus de 30 jours, le renforcement du contrôle de la recherche d'emploi et la généralisation du référent
Le vote lors du CCE a été le suivant : 5 pour (CFDT/CGC), 3 contre (SNU/CGT), 3 abstentions (CFTC/SNAP) et 4 NPPV (FO) ce qui, puisque les abstentions valent vote négatif, signifie un rejet majoritaire du projet, qui n'empêchera nullement sa mise en application.
Concernant l'avenant à la convention collective élevant le plafond de CDD autorisé, ce qui permet d'embaucher en CDD les 1 000 postes accordés par le Gouvernement et financés par une augmentation de la contribution de l'UNEDIC au fonctionnement de Pôle emploi (voir Décrets estivaux sur l'assurance chômage : confirmation que les demandeurs d'emploi vont payer le renforcement de leur accompagnement par une baisse de leurs indemnités) il a été signé par la CFDT, la CFE/CGC, le SNAP et la CFTC, ce qui le rend applicable, malgré l'opposition du SNU, de FO et de la CGT.
L'un des enjeux de ces élections professionnelles est de savoir si le "bloc réformiste" (CFDT, CFE/CGC, SNAP et CFTC) demeure majoritaire, ce qui risque de dépendre du maintien du caractère représentatif du SNAP et/ou de la CFTC, ou si le "bloc d'opposition" (SNU, CGT et le plus souvent FO) devient majoritaire.