Contrôle des chomeurs !!

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Plus de 200 conseillers de l'opérateur public auront bientôt pour seule mission de s'assurer que les demandeurs d'emploi cherchent bien du travail. Les syndicats sont partagés.

Renforcer le contrôle des chômeurs? L'idée fait débat jusque chez les salariés de Pôle emploi. Le conseil d'administration de l'établissement vient d'approuver une nouvelle organisation qui permettra d'affecter 200 postes en équivalents temps plein - sur 22 000 conseillers - à la seule surveillance des demandeurs d'emploi, lors de contrôles aléatoires ou ciblés. La CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ont voté pour, CGT et FO se sont abstenus. Jean-Manuel Gomes, élu CFDT au comité central d'établissement, est plutôt favorable à l'idée. Rien de nouveau sur le fond, assure-t-il: "Contrôler que les demandeurs d'emploi recherchent bien du travail fait partie de nos obligations légales. La nouveauté, c'est que cette activité sera désormais dissociée de l'accompagnement."  

Le système a été rodé dans quatre régions depuis dix mois. Dans un document consulté par l'Express, la direction de Pôle emploi assure que les 18 premiers conseillers volontaires ont "bien accueilli" l'expérimentation. "La séparation du suivi des demandeurs d'emploi et de leur contrôle permet aux conseillers d'être plus à l'aise dans leur relation de confiance avec [eux]", estime-t-elle. "Le fait que les agents soient juge et partie pouvait poser problème", acquiesce Jean-Manuel Gomes. Mais encore faudra-t-il, pour apaiser les relations, que ces contrôles ne visent pas à "fliquer" les chômeurs. "Nous y sommes favorables s'ils servent à identifier les personnes qui ont baissé les bras, pour les raccrocher par exemple à un accompagnement suivi, insiste l'élu CFDT. Contrôler ne doit pas vouloir dire sanctionner ni radier." 

Une "aide pédagogique"?

Déléguée Force ouvrière dans les Alpes-de-Haute-Provence, Agnès Campanella a été l'une des premières conseillères à passer à plein temps sur un poste de contrôle. "Le dispositif vise surtout à accompagner la recherche d'emploi, expliquait-elle à l'Express en septembre. Il doit plus être une aide pédagogique qu'une punition, car beaucoup de chômeurs ne savent tout simplement pas comment faire." La direction de Pôle emploi tient aujourd'hui le même discours. Non, elle n'a prévu "aucun objectif" de contrôles ou de radiations. La procédure se veut graduée: d'abord, l'envoi d'un questionnaire puis, si besoin, un entretien par téléphone et de visu et des séances de "redynamisation". La radiation n'intervient que si la personne n'a pas repris de démarches. 

Un moyen de faire discrètement baisser les chiffres du chômage? Le ministre du Travail François Rebsamen, qui avait suscité un tollé en réclamant une surveillance plus stricte des demandeurs d'emploi, s'en est défendu ce mardi. Pas de quoi rassurer Jean-Charles Steyger, délégué syndical central au SNU-Pôle emploi. "Si faire monter les radiations n'est pas l'objectif explicite, c'est en tout cas ce qui va se produire", juge-t-il. Au cours de l'expérimentation, 8 à 15% des chômeurs contrôlés ont été radiés, selon les régions. Les sanctions s'échelonnent entre 15 jours et six mois, avec une suspension des allocations pendant cette période. "Les conséquences sociales pour les personnes sont énormes", prévient Jean-Charles Steyger. 

"S'il n'y avait pas plus de chômeurs que de postes..."

Le délégué du SNU regrette aussi que les déclarations à répétition sur le renforcement des contrôles nourrissent les préjugés négatifs envers les demandeurs d'emploi. D'après lui, elles entretiennent la confusion avec la chasse aux fraudeurs, ceux qui profitent indûment des allocations - l'équivalent de 90 millions d'euros pour les neuf premiers mois de 2014. "Avec ce nouveau système, il ne s'agit pas de contrôler les revenus des usagers, mais l'efficacité de leurs recherches, pointe-t-il. On pourrait en discuter s'il y avait pas plus de chômeurs que de postes à pourvoir... Il aurait mieux valu augmenter le nombre de conseillers, d'autant qu'il va falloir redispatcher les portefeuilles [les dossiers de suivi des chômeurs, NDLR] de ceux chargés du contrôle vers leurs collègues." 

Les prochains mois diront comment les usagers de Pôle emploi perçoivent les contrôles renforcés. Notamment ceux qui, après une succession d'échecs, ont abandonné leurs recherches. Dans un climat déjà électrique entre chômeurs et conseillers, la direction a prévu que "les équipes dédiées au contrôle disposeront d'un registre de sécurité ad hoc" et "d'une alerte silencieuse" lors des entretiens. "Il sera préconisé que le conseiller en charge du contrôle ne gère pas les demandeurs d'emploi de [sa] commune, précise la direction dans sa présentation, ni de la zone de compétence de l'agence d'où il vient." L'apaisement n'est pas encore pour demain. 

http://www.lexpress.fr/emploi/accompagner-ou-fliquer-chez-pole-emploi-le-controle-des-chomeurs-fait-debat


21/05/2015
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