Le gouvernement promet une meilleure carrière aux fonctionnaires
Le gouvernement promet une meilleure carrière aux fonctionnaires
Des négociations auront lieu d'ici juin pour définir avec les syndicats les moyens de revoir les grilles des agents et améliorer leur parcours professionnel. Ces derniers n'y croient pas. Une journée d'action est prévue le 9 avril.
La ministre de la Fonction publique s'est lancée dans une mission périlleuse. Marylise Lebranchu, qui rencontrait hier les syndicats, a promis aux 5,372 millions d'agents de la fonction publique de mettre tout en œuvre pour améliorer leurs carrières et leurs rémunérations. Et ce alors que le gouvernement les a placé sous un régime de diète qui se traduit par un objectif de stabilité des effectifs et la reconduction l'an dernier du gel du point d'indice qui sert de base de calcul à leur salaire.
Malgré la conjoncture difficile, la ministre souhaite mettre en place une vaste réforme visant à restaurer l'attractivité des carrières dans la fonction publique. «Il y a deux façons de donner envie: arrêter de jouer au cliché populiste et les revalorisations de carrière», a-t-elle affirmé. Pour cela Marylise Lebranchu va s'attaquer à la révision des grilles de tous les agents des catégories A, B et C. La dernière modification de ces grilles date de l'accord Durafour de 1990. Le gouvernement va notamment proposer de remettre dans la grille une partie des primes et indemnités, dont la part dans la rémunération des agents a augmenté ces dernières années.
Autre objectif: l'allongement des carrières. Aujourd'hui, ces grilles sont calculées pour une durée de 25 ans alors que la carrière d'un agent dure le plus souvent 35 ans. Autrement dit, après 25 ans de carrière, un fonctionnaire stagne avec le même indice sans revalorisation jusqu'à son départ à la retraite. Marylise Lebranchu veut donc prolonger les carrières jusqu'à 35 ans, en rajoutant par exemple des échelons pour permettre aux agents d'avoir une meilleure progression.
Appel à la grève
Cette réforme aura un coût...que la ministre s'est pour l'instant refusé à chiffrer. «Je ne donne pas de chiffre, parce que ce serait faire preuve de non sérieux», a-t-elle expliqué. Seule information: pour absorber ce coût, l'application de la réforme sera prolongée plusieurs années après 2017, «de deux, trois, quatre ans». Soit au-delà de la prochaine présidentielle. Marylise Lebranchu promet qu'elle essayera de faire en sorte que «ce soit incontournable quoi qu'il arrive en 2017».
En attendant, un cycle de négociation s'est ouvert avec les syndicats pour définir plus clairement les contours de cette réforme. Au total, plus de dix réunions sont programmées d'ici au 2 juin. «Nous n'avons pas beaucoup de temps», a admis la ministre qui pense toutefois aboutir à un projet d'accord à cette date.
Mais les syndicats ne semblent pas croire à ce projet. La CFDT regrette que la ministre soit incapable de faire des annonces chiffrées et dit attendre «du concret». D'autres assurent que le point de départ des négociations doit être le dégel du point d'indice qui court jusqu'en 2017. Un point sur lequel Manuel Valls refuse de revenir. Pessimistes, CGT, FO, FSU, Solidaires et FA-FP ont lancé un appel à une grève interprofessionnelle le 9 avril prochain.