AGGRETSUKO : QUAND NETFLIX PARLE DE LA CONDITION DES FEMMES AU TRAVAIL
AGGRETSUKO : QUAND NETFLIX PARLE DE LA CONDITION DES FEMMES AU TRAVAIL
Bien que les conditions des femmes tentent d’évoluer, certains domaines au contraire ne voient (presque) aucun changement. En effet, les conditions des femmes dans le monde du travail, au sein des entreprises, restent inchangées et très inégalitaires à comparer à celles des hommes. Un sujet qui semble toujours tabou et on ne peut plus actuel. Netflix a donc décidé de s’en emparer avec Aggretsuko.
Zoom sur les conditions des femmes dans le monde du travail selon Netflix.
Netflix met en vidéo les conditions des femmes dans le monde du travail
The Crown, 13 reasons why ou bien Orange is the new black, tant de séries originales Netflix connues de tous et toutes. Toutefois, comme vous le savez, il n’y a pas que des séries et des films sur Netflix : il y a également des documentaires et faits d’actualité. Et aujourd’hui, c’est un sujet très actuel que Netflix a décidé d’aborder : celui des conditions des femmes au sein des entreprises par le biais d’une petite série toute mignonne, du moins en apparence. En effet, Aggretsuko est THE nouvelle série à ne pas louper, et ce sous aucun prétexte, car elle met en avant les conditions de travail des femmes au sein des entreprises. Evidemment, sans étonnement, vous l’aurez deviné, être une femme dans le monde professionnel – et dans la vie de tous les jours – n’est pas chose simple : beaucoup sont harcelées, n’arrivent plus à concilier vie professionnelle et vie familiale, et ne perçoivent pas le même salaire que les hommes, même en 2018 ! Tous ces thèmes sont abordés dans cette mini-série dont la protagoniste, représentée par un petit panda tout mignon adepte du death metal du nom de Retsuko, endosse le rôle d’une jeune femme célibataire, hard worker et beaucoup trop gentille.
Aggretsuko ou l’illustration parfaite de la vie des femmes en entreprise
Aujourd’hui, et ce depuis (trop) longtemps, les femmes ne sont pas perçues comme l’égal des hommes : dans leur vie de tous les jours mais surtout dans le monde professionnel. Elles sont sous-payées par rapport aux hommes, occupent très peu de postes en comparaison avec leurs homologues masculins (en 2016, seulement 11% des postes de direction étaient occupées par des femmes au Japon, 43% aux Etats-Unis et 39% en France). Alors Netflix a décidé d’aborder cette problématique à travers Aggretsuko, sa nouvelle série dont les dessins ont été réalisés par Sanrio, la compagnie japonaise qui a créé Hello Kitty. Aggretsuko est un mélange de “aggressive” (donc rien à voir avec Hello Kitty) et “Retsuko”, le prénom de la protagoniste. Cette dernière est un petit panda roux. Elle est jeune, a 25 ans, est célibataire et dévouée à son travail qui lui prend le plus clair de son temps. En plus, d’être dévouée, elle est très peu sûre d’elle, ne sait pas dire “non” et a peur des répercussions, comme beaucoup de femmes dans les entreprises. Elle est donc débordée, elle finit très tard et doit travailler au sein d’une équipe, franchement pas commode. Sa collègue Fenneko (un fennec) est sa voisine de bureau, est sûre d’elle (tout le contraire de Retsuko) et adore fouiner dans la vie de ses collègues sur les réseaux sociaux. La psychopathe de l’équipe en somme. Kabae, l’hippopotame, est curieuse. Trop même. Elle adore écouter les petits malheurs et secrets des uns et des autres pour évidemment s’empresser de tout révéler. C’est la commère de service.
Enfin, Tsunoda (personnifiée par une biche aux grands yeux) est toujours très bien apprêtée, très bien habillée et coquette, égocentrique et prête à flatter son manager pour ne pas être tenue pour responsable en cas de problème. Elle est l’image parfaite de la collègue opportuniste. Dans cette entreprise, l’équipe n’est pas soudée et il semble bien dur pour Retsuko de travailler dans une telle ambiance.
Ce qui se passe après : attention spoiler (mais juste un petit peu !)
Retsuko semble donc un peu désemparée devant tant de travail à faire et tant de tâches à accomplir. Beaucoup lui délèguent leur travail dont son manager et lorsque le PDG de l’entreprise a connaissance de cette situation, il dédouane le manager brandissant le caractère féministe de Retsuko et de celui des femmes de cette société actuelle. Cette scène semble presque “normale”. Attention : pas normale dans le sens où elle est banalisée mais dans le sens où cette situation arrive de nombreuses fois. Qui n’a jamais entendu son patron, son ami, son collègue, son voisin clamer haut et fort que les femmes cherchent toujours la petite bête, à prôner le féminisme ? Qui ne s’est pas vu(e) reprocher être féministe alors que la situation sur l’égalité homme-femme était juste à dénoncer ? Oui oui, beaucoup. Et c’est ce que veut dénoncer Netflix à travers sa série Aggretsuko. Retsuko est victime des très mauvaises conditions des femmes au sein des entreprises. L’égalité salariale homme-femme n’est pas encore atteinte, ni celle des postes ou de la reconnaissance au travail.
La situation inégalitaire homme-femme au Japon
Bien que la Constitution de 1947 au Japon prévoit « l’égalité fondamentale » des sexes en termes de droit, ce pays développé montre une forte discrimination à l’égard des femmes, surtout lorsqu’elles deviennent mères. Même les traditions et coutumes sont discriminatoires : une femme est destinée à démissionner après son mariage ou, au plus tard, démissionner après son premier enfant. De plus, le phénomène de “matahara” est un harcèlement moral et psychologique contre les femmes enceintes dans le but de les faire démissionner. Un état critique qui illustre parfaitement – malheureusement – la situation inégalitaire entre les hommes et les femmes au Japon. En conséquence, le taux d’emploi des femmes au Japon ayant au moins un enfant en dessous de trois ans s’élève seulement à 30%. Une donnée beaucoup trop basse pour un pays dont la Constitution prévoyait une égalité fondamentale entre hommes et femmes. En outre, les trois quarts des employés en CDD sont des femmes. Très peu de femmes accèdent à des postes de direction et 0% des femmes travaille dans les conseils d’administration du secteur bancaire (oui oui, 0% !). Toutefois, les japonaises sont très qualifiées car 59% de la population des 25-35 ans ont un diplôme universitaire. Un très joli nombre qui devrait pourtant se refléter dans le monde du travail.
Cependant, bien que l’égalité entre les sexes ne soit pas encore atteinte dans le monde professionnel, il n’est pas sans rappeler que des personnes et même des entreprises luttent chaque jour pour élever les femmes au même rang que celui des hommes. Une tâche difficile mais toujours d’actualité que Netflix tente de mettre en avant. Une jolie façon de garder à l’esprit que les conditions de travail des femmes sont parfois déplorables et que les choses peuvent évoluer. Cette fois-ci on a une bonne raison de regarder Netflix : alors, on attend quoi pour se ruer devant cette série ?
Source : changethework.com